Par ce beau, et même très très beau mois de juillet , neuf comparses se rendent dans la vallée de Chamonix, avec deux objectifs :
Assister, le soir venu, au championnat du monde d'escalade, et, pour compléter l'emploi du temps, tirer quelques longueurs dans le massif des Aiguilles Rouges, repérées par Sébastien et Arménio, déjà là depuis deux jours. Les veinards, ils ont fait quelques ascensions dans le Brévent, et vers l'aiguille de la Charlanon. Un soir ils ratent la dernière "benne", et sont obligés de dévaler à toutes enjambées les lacets du chemin qui descend fort vers la vallée, pour ne pas manquer les qualifications de la vitesse et les éliminatoires de la difficulté du championnat du monde. Ouf ! juste à temps ! Le samedi 12 : Après une bonne petite marche d'approche, histoire de cracher les toxines accumulées dans nos poumons urbains, nous voilà face aux dalles des Chèserys. Le paysage est somptueux. Le panorama exceptionnellement dégagé, (pas un nuage à l'horizon), se déploie dans toute sa splendeur. A gauche, au delà du col de Balme, la Suisse, puis, à droite l'aiguille du Tour, son glacier, l'aiguille et le glacier d'Argentière, l'aiguille Verte avec le sommet des Drus qui dépasse,
les aiguilles de Chamonix, l'aiguille du Midi, enfin pour clore cette vue exceptionnelle, le Mont Blanc et le dôme du Goûter. Ce paysage grandiose ne nous quittera plus durant tout le séjour.
Mais allons plus haut, voir si ça serait pas plus beau. Est ce possible ! Les uns après les autres, nous progressons lentement, par deux ou en flèche. La dalle, faut s'habituer. Les premiers mètres sont déroutants. Tiendra, tiendra pas !... ça tient. Les longueurs se suivent, les pas deviennent plus sûrs, les grimpeurs s'élèvent. Nous sortons des dalles sur une grande terrasse herbeuse. De nouveau, nous savourons quelques instants ce délicieux paysage. Suit maintenant la longue descente en plusieurs rappels, un peu encombrés de cordées concurrentes. L'heure du repas est venue, et nous reprenons des forces à l'ombre d'un bosquet chétif. L'après midi, on change de voie mais pas de style. Quelques autres longueurs dans ces mêmes dalles, achèvent nos mollets. Il est temps de descendre à Cham'. Ce soir c'est championnat du monde de vitesse, alors vite, vite, on y va. Les championnats du monde d'escalade à Chamonix, c'est un public enthousiaste chauffé par un speaker déchaîné. Et justement, quand ce dernier décide de faire grimper les voies de la vitesse, à deux pékins au hasard dans la foule, là, les représentants de l'ALJ Limay se font bruyamment remarqués. Et c'est Arménio (un peu poussé dans le dos),qui se retrouve choisi d'office ! Opposé à lui un p'tit jeune de passage, qui n'avait sans doute jamais grimpé plus haut qu'un escabeau ! Le p'tit gars, en effet, se contentât de faire quelques mètres avant de tout lâcher, tandis que notre Arménio qui s'était présenté comme citoyen de Vétheuil en Val d'Oise , le traître, dérapant et glissant à chaque pas (bien fait), avançait lentement mais sûrement (tout ou presque avec les bras, mais bon ...), jusqu'au sommet de la voie, et top! Place ensuite aux vrais compétiteurs, enflammant la soirée par des prouesses toujours plus surprenantes. Championnat de vitesse = toujours plus vite. Davaïe ! Mais où s'arrêteront-ils. Davaïe ! Tant chez les hommes que chez les filles, une pléiade de champions des pays de l'Est rivalisent, en dominant la plupart des autres représentants du reste du monde. Davaïe !, Davaïe !, Davaïe ! criait les entraîneurs ! Le suspens tient jusqu'au bout, entretenu par l'ambiance surchauffée d'une soirée à peine tempérée par la nuit lentement descendue. Heu ! ... Davaïe, ... c'est le nom de celui qui a gagné, ... non ?!!! Dimanche 13 juillet : De bon matin nous voilà tous en route pour le téléphérique de Planpraz. La journée s'annonce sous de bons hospices, soleil, chaleur, montagnes splendides, pas trop de monde, bonne humeur générale. Depuis Planpraz , la facile marche d'approche nous amène vers l'arrête sud de l'aiguille de la Charlanon. Deux équipes se forment, ceux qui s'attaquent à "75 centimes" avec des passages en 6a, et ceux moins téméraires qui optent pour " l'arête sud-sud-est droite", "ssedroite" . Les cordées attaquent les premières longueurs. Ceux parcourant l'arrête de "ssedroite" , peuvent facilement observer au delà du creux impressionnant qui les sépare, les copains engagées dans "75 centimes". A mi chemin, dans un secteur très facile que coupe une vire herbeuse,( du 2 ou quelque chose comme ça), Fred et Michel sont surpris par une mère bouquetin et son petit, tout aussi étonnés de ce quasi face à face, et aussi vite disparus après de petits bonds à flan de roche. Surprise, surprise ! Quelques mètres plus haut, Fred est de nouveau surpris par une belle pierre, estimée à 50 kg, qui se détache brusquement. Il la retient difficilement avec ses jambes et la fait basculer côté ravin. S'en suit un sinistre vacarme de chute de pierres, puis le roulement d'un pierrier s'éboulant, résonne un long moment ! Les cordées reprennent l'ascension. Dans "75 centimes" quelques passages en 6a donne du fil à retordre, mais ça passe, A coté, sur l'arrête, les grimpeurs sortent tranquillement sur des terrasses verdoyantes, suivi un peu plus tard par les 2 équipes de "75 centimes". La descente se fait par une combe herbeuse particulièrement abrupte et longue, où glissades et dérapages se terminent parfois sur les fesses. Vite le télécabine, vite au gîte, douche rapide et un peu de repos avant le repas, et vite au championnat du monde. Ce soir c'est l'épreuve de difficulté, et là les français sont favoris !
Nous voilà face à la structure où vont s'affronter les meilleurs grimpeurs de la planète. Comme d'habitude une succession de surplombs et de volumes arrondis, semblent rendre inaccessibles les prises finales. Tour à tour, filles et garçons tentent de résoudre chaque passage, et d'aller le plus haut possible, et de fait, personne ne sortira les voies. Le spectacle est magnifique, la lutte farouche, l'ambiance électrique, tandis que le soleil couchant transforme le Mont Blanc en mont rose. Arrive David Caude, grimpeur local très encouragé, qui se place troisième derrière le tchèque Tomas Mrazek, et Patxi Usobiaga l'espagnol de service. On attend Alexandre Chabot, le favori, mais à la surprise générale, il glisse prématurément et c'est la consternation parmi le public.
Cinquième seulement ! Mais du côté des filles le suspens continu. Les françaises Emilie Pouget et Sandrine Levet sont en tête. Il ne reste plus que la belge Muriel Sarkany. Portée par une bruyante colonie belge, elle passe le dernier surplomb où toutes les autres ont échoué, avant de tomber non loin du but final. Pas de médaille d'or pour les français ! Qu'importe le spectacle était de qualité, et pour fêter ça, sur le chemin du retour on s'envoie une bière à la taverne du coin. Bigre ! Quelle ambiance. Hé ! La bière ici, elle est faite avec l'eau des glaciers ? Non,... mais dites moi, c'est parce qu'elle est bien fraîche quand même !
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